[Hot-francophone] Sur le terrain à Madagascar

Eric SIBERT courrier at eric.sibert.fr
Mer 10 Sep 18:36:54 UTC 2014


Épisode 4 : Mahajanga

Installation à Mahajanga (http://osm.org/go/nEHsuFaA-, 200.000 hab. 
d'après certaines estimations), chez belle-maman. Elle loue une nouvelle 
maison dans un quartier excentré, pas encore cartographié dans OSM. Trop 
cool. Un peu moins cool, le terrain semble avoir été gagné sur la 
mangrove qui est soumise aux marées. C'est justement la pleine lune avec 
des grandes marées. Dans l'après-midi, on se retrouve cernés par les 
eaux avec remise en circulation des déchets qui traînent et autres 
fosses pas très sceptiques. L'inondation amuse énormément les gamins du 
coin qui peuvent se balader en barque dans la rue. Faudrait que je 
regarde comment ça se code une chaussée recouverte par la marée. 
Idéalement, il faudrait aussi indiquer à partir de quel coefficient de 
marée ça inonde. J'aurais bien aimé avoir un drone pour cartographier 
l'étendue des dégâts. En attendant, j'ai mesuré 58 cm de hauteur entre 
l'eau et le dessus de la dalle de la maison. Les plus hautes marées sont 
théoriquement 20 cm plus haut. Il reste 28 cm. Un cyclone là dessus... 
et je ne parle même pas du changement climatique et de l'élévation du 
niveau des océans qui va avec. Certains font venir des camions de sable 
pour surélever leur terrain. D'autres achètent des bennes de déchets.

Concernant les transports urbains, l'offre est diversifiée à Mahajanga.

La marche à pied reste un mode de transport important. Sur certains 
trottoirs, il faut juste faire attention à ne pas tomber dans les égouts 
suite à la disparition des dalles de protection.

On trouve ensuite les taxi be (be=grand). Ce sont de gros minibus. La 
course est de 300 ou 400 Ar (0,09 ou 0,12 €) suivant la ligne et la 
distance. Ils sont opérés par des propriétaires privés réunis en 
coopératives. Une seule coopérative par ligne. Les lignes sont définies 
par les autorités (commune?). Il n'existe aucun plan général ni plan de 
ligne à Mahajanga. Certains arrêts sont matérialisés par des panneaux. 
On trouve même quelques abribus offerts par de généreux mécènes 
(entreprises locales). Pas d'horaires: les propriétaires balancent leurs 
véhicules quand ils pensent que c'est rentable. Pour le moment, je ne me 
suis pas lancé dans l'aventure de saisir ça dans OSM.

Après, on passe aux transports individuels. Le plus rudimentaire est le 
pousse-pousse avec deux places passager. Négociation à chaque course. Le 
tarif démarre à 1000 Ar (0,30 €) la course. Peut aussi s'utiliser pour 
transporter des marchandises, déménager...

Depuis deux ans, il y a des Bajaj: des tricycles à moteur d'origine 
indonésienne pour la marque Bajaj mais on trouve aussi des Piaggio. 3 
places. 1000 Ar (0,30 €) la place pour la course standard en ville. Très 
efficace quand on voyage seul sans bagage. Ne circulent pas la nuit.

Enfin, on a les taxis. Pas de compteur. Tarif officiel de la course 3000 
Ar (0,90 €) le jour, 4000 Ar (1,20 €) la nuit. Toute commande spéciale 
négociable.

Tous ces moyens de transport peuvent paraître peu chers mais à force, 
dans la journée, on peut y laisser un budget important. En fait, ce qui 
me manque, c'est mon vélo. Quoique 30°C tous les jours en plein cagnard 
dans une ville pas complètement plate, on peut hésiter. Comme j'ai eu 
l'opportunité de disposer d'un scooter, je me suis rabattu dessus et 
c'est bien pratique (surtout quand on ne l'a pas acheté soit même: 
2.600.000 Ar = 800 €). On est par contre très sensible à l'état de la 
chaussée, que ce soit ses irrégularités (smoothness inside) mais aussi 
son matériau pour les sections non-revêtues. Un soir qu'on s'est fait 
prendre par la marée, on est allé poser le scooter chez une voisine 
hors-crue: pousser le scooter 200 m dans le sable (surface=sande), c'est 
crevant. Consommation pas négligeable, un bon 4L/100km de SP95. Le plein 
à 10.000 Ar (3 €) pour 2,8L.

Question circulation, on trouve aussi pas mal de motos, quelques quads, 
des voitures individuelles, des petits et gros 4x4. J'ai même vu une 
fois un Hummer, sans doute un nouveau riche de la capitale qui a dû 
faire fortune dans le trafic de bois de rose. Pour les marchandises, il 
y a des camions voir des semi-remorques et des charrettes à zébu. Je 
vous laisse imaginer le joyeux foutoir qu'est la circulation avec une 
telle hétérogénéité de véhicule.

À suivre...

-- 
Éric



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