[OSM-talk-fr] Evolutions orwelliennes annoncées sur Google Maps/Earth/Picassa/Youtube/Plus/Drive/Search/Mail...
Philippe Verdy
verdy_p at wanadoo.fr
Mer 15 Mai 23:52:08 UTC 2013
TL;DR -- ce sont des commentaires sujets à réflexion. Ne râlez pas si ça ne
vous intéresse pas, sautez ce message et passez au suivant. Merci.
Visiblement les avancées d'OpenStreetmap ne font pas peur à Google qui
dospose d'un avantage considérable. Non seulement il a les moyen d'acheter
de l'imagerie satellite et aérienne, et d'utiliser tous les contenus
ouverts libéralisés qu'on utilise nous aussi, mais lors de Google I/O 2013
d'aujourd'hui, Google vient d'annoncer l'unification de la totalité de ses
services où les utilisateurs partagent ou échangent du contenu.
Certes Google annonce le triplement des espaces de stockage des
utilisateurs (de 5Go à 15Go, mais une clarification publiée aujourd'hui
consiste à révéler qu'en fait c'est l'espace total des fichiers privés de
l'utilisateur (sur Gmail, Picassa, Google Drive, Google+) qui est unifié en
un seul espace commun.
Mais il précise aussi que Google ne veut plus se contenter des sources
d"imagerie dédiées, ni des données collectées par ses "Google Cars", masi
qu'il utilise maintenant aussi les photos, vidéos, graphiques, présentatons
et documents partagés publiquement sur tous ses services (dont Picassa,
Youtube, Google+, Google Drive ex-Google Docs, etc.) comme source
d'information. Il utilise aussi les géolocalisations révélées par tous les
possesseurs de smartphones et autres tablettes pour avoir une vision en
temps réel et historisée des points d'intérêts pour améliorer la précision
et la richesse des infos collectées. Il sait aussi assembler des prises de
vues multiples, dès qu'elles sont un peu géolocalisées. Mais même les
photos ou vidéos non géolocalisées font l'objet d'un traitement automatique
pour permettre de les identifier automatiquement.
Le but pour google est d'offrir une immersion totale dans le monde réel, en
3D, à la plus haute résolution possible, avec une mise à jour automatique
quasiment en continu et en quasi temps-réel. Une démo a été faite et cela
va faire l'objet d'une ouverture complète dès cet été (mais une démo est
déjà disponible, comme montré à la conférence de San Francisco), et Google
étend cette converture de 50 à plus de 150 pays dans le monde. Le nombre de
langues supportées pour l'analyse des texte (lui permettant de créer des
métadonnées dérivées des conversations échangées sur les réseaux sociaux)
passe de 12 à 16 (il ajoute le turc, le chinois traditionnel ou simplifé,
et je ne sais plus quelle langue).
Google n'a même plus besoin d'acquérir des données, ses utilisateurs les
lui fournissent en grande quantité et en continu. La couverture
cartographique 3D est aussi étendue aux espaces publics intérieurs (une
démo a été faite à la Chapelle Sixtine à Rome, et même dans les photos
prises quelques minutes avant dans la salle de la conférence et dans ses
accès : c'est déjà intégré dans Google Map/Earth).
Google annonce aussi pouvoir filtrer automatiquement les photos et les
superposer de sources différentes pour créer de "super photos" panoramiques
en très haute résolution qui s'affinent automatiquement presque en continu.
Bientôt on aura des vidéos créées entièrement par ses algorithmes
permettant de voir ce qui se passe ou s'est passé dans n'importe quel
endroit public, sous tous les angles de vue.
Je ne sais pas quoi en penser, mais cela démontre la puissance de Google :
le travail de fourmi ne sera même plus nécessaire pour lui. Sans citer
OpenStreetmap ou les autres services cartographiques, un des maîtres mots
glissés par Google dans sa conf' a été "accurate". Et pour cause.
Cela veut dire que pour OpenStreetmap, il va falloir changer d'échelle et
ne plus se contenter du travail de fourmi et utiliser plus massivement des
outils automatisés pour accélérer le travail. On critiquait Google sur le
fait qu'il avait un temps de retard important sur les changements, ce qui
nous donnait encore un espace d'avance, mais là cela risque de ne plus être
le cas.
Notre force restera cependant dans ce que Google n'acquière pas facilement
: les données sur les espaces naturels non connectés à Internet, très
ruraux, ou très pauvres pour avoir un taux d'équipement suffisant de la
population locale (mais là aussi Google continue à pousser pour permettre
de donner des ordinateurs à moins de 200 dollars et des smartphones de base
à prix très modique dans ces pays).
Comment vont réagir Apple (qui déjà voit sa propre part de marché sur ses
services cartographiques pour iPhone largement concurrencés par les
applications Google désormais accessibles), Microsoft/Bing/Yahoo (malgré
Windows 8 cherchant à unifier sans grand succès ces données), Facebook (qui
s'apprète à se lancer aussi massivement dans les services géolocalisés et
devrait ouvrir son propre service cartographique), Tweeter ? Alors que
Google révèle aussi se servir en photos sur les espaces partagés
publiquement sur Facebook et Tweeter, et aussi avoir signé des accords avec
d'autres réseaux sociaux ?
Avec quel réseaux sociaux ouverts pourrait s'allier OpenStreetmap (si ce
n'est pas les espaces de Wikimedia comme Commons dont la licence CC-BY-SA
risque de nous bloquer sur de nombreux contenus ?) Comment rester dans la
course dans le monde du libre ? Car pour Google il est clair que Google
Maps est une arme universelle qui maintenant fait l'objet d'une intégration
poussée avec ses propres services sociaux, qu'il compte bien tous unifier,
pour qu'ils proposent juste des "vues" différentes des mêmes contenue,
juste adaptées non plus seulement à un site.
D'ailleurs Google va plus loin car maintenant ses cartes ne seront plus
statiques mais aussi adaptées à l'utilisateur (en fonction de ses contacts,
ses rendez-vous, ses projets de déplacement, ses habitudes, du gout de ses
amis, des notations et intérets apportées aux articles, annonces et
discussions, les cartes ne seront plus les mêmes pour tout le monde, avec 7
milliards de cartes différentes qui changent tous les jours ou même chaque
heure en fonction des agendas, de l'activité, et du lieu où se trouve
l'utilisateur et ses contacts. Les cartes mixeront donc des infos publiques
et des infos privées. Elles changeront à chaque fois qu'on cliquera pour
s'informer sur un point donné.
Clairement un pas est franchi : le pistage complet des utilisateurs devient
orwellien (car même si on éteint son smartphone pour ne pas être suivi, ce
seront vos amis habituels que Google connait qui permettront de vous
localiser par probabilité en fonction de vos habitudes déjà collectées, il
lui suffira de relever un échange partagé sur un réseau social, ou tout
espace d'échange public que vous suivez et auquel vous répondez de façon
régulière). Google sait maintenant même reconstituer vos itinéraires, le
temps passé en certains lieux, même si vous avez éteint votre smartphone
pendant un temp.
On vit chez Google dans un monde virtualisé et soumis aux intérêts
commerciaux et de ce que Google peut revendre (démo faite par lui en
cherchant un café pour rencontrer ses amis à San Francisco, aussitôt c'est
un café Starbuck qui apparait car Google reconnait avoir signé un accord
publicitaire avec ce groupe) : plus de place pour les autres commerces à
côté, ils n'apparaissent même plus et Google vous calculera aussi un
itinéraire plus avantageux et plus rapide pour vous y rendre plutôt que
pour vous rendre chez les voisins (pour qui il vous fera prendre des
transports en commun plus chers ou plus encombrés en ne révélant pas
l'itinéraire plus rapide).
Maintenant toutes ces annonces sont impressionnantes, il va falloir
surveiller de prêt comment ce sera mis en service et comment trouver des
parades légales pour s'y opposer. Google assure qu'on aura un droit à
l'oubli, mais est-ce qu'on le pourra vraiment si dès qu'on se reconnecte il
est capable de reconstituer très vite un profil personnalisé, même si vous
avez demandé à Google de purger vos historiques passés (ce qui pour lui
n'est valable que pour les infos strictement personnelles mais pas celles
que vous avez publiquement partagées et qu'il se contente alors jsute
d'anonymiser pour les garder sous une forme statistique générale qui lu
faciliteront plus tard la reconstitution très problable de votre profil au
bout de quelques minutes de reconnexion) ?
Plus fort que n'importe quel Etat du monde ou service secret ou de
renseignement national, Google détient maintenant une capacité de réaction
économique très puissante et pourrait même devenir plus fort que la Bourse,
il saura anticiper les réactions de masse à n'importe quel évènement.
Google a déjà anticipé aussi les réactions négatives à cette surveillance
permanente du monde entier, et ses armes légales.
On le voit déjà dans le cadre des batailles qui ont lieu en ce moment aux
USA concernant la suppression même du concept "opt-in" arraché dans le
passé : Google clairement ne veut plus que l'opt-out, et collectera tout ce
qu'il peut sont insaississables (il a les moyens de prendre les risques
légaux car ses données stockées dans des centaines de datacenters dans le
monde sont à l'abri des saisies légales et des pertes d'exploitation que
cela peut engrendrer dans une entreprise normale, il peut même les prévoir
avant qu'elles aient réellement lieu et il a tous les moyens pour que cela
n'engendre aucune perte pour lui), il a trouvé des alliés puissants au sein
même des services de renseignements et armées américaines, face aux
politiques et à la justice. Il ne s"inquiète même pas du fait qu'il sera
taxé (faiblement) pour les contenus qu'il recueille, agrège et rediffuse
(ces petites taxes ne sont rien du tout à côté de l'avantage économique et
la croissance interne qu'il peut obtenir maintenant, il versera juste des
miettes.
Enfin Google annonce avoir déjà obtenu plus d'un millions de sites
rediffusant Google Map (et l'extension de son API va intégrer ces sites
aussi avec tous les autres service Google) : ces sites tiers sont
aujourd'hui ensemble beaucoup plus gros que le site Google Map lui-même en
terme de traffic. Google Maps n'est plus qu'une petite vitrine de quelque
chose de beaucoup plus gros et en pleine explosion.
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Il est grand temps d'arrêter cette hémorragie et de proposer aux sites web
une alternative au moins aussi fiable pour leurs besoins (qui sont en fait
plus limités que ce que propose Google): OpenStreetmap doit absolument
s'étoffer en priorité sur la géolocalisation des adresses avec une
précision suffisante, sans pour cela devenir orwellien comme Google avec un
suivi permanent.
Pour cela notre arme c'est Nominatim, c'est aussi accélérer le découpage
administratif, le référencement des toutes et des rues (même sans aller
jusqu'au guidage précis en temps réel, ce qu'on ne pourra pas faire sur OSM
lui-même). Notre seconde arme c'est que nos cartes seront neutres et pas
personnalisées en fonction de chaque visiteur et de ce qu'il fait ou
pourrait faire ou veut faire (par un robot surveillant les activités du
visiteur) : lui laisser la liberté de choisir de façon non biaisée.
Et il faudrait le faire savoir, et faire campagne clairement CONTRE
l'inclusion de Google Map sur les sites tiers dont le seul besoin est de
montrer une carte avec quelques POIs de leurs choix. Piur cela il nous faut
aussi faciliter (et accélérer) l'intégration d'OSM sur les sites tiers.
On a besoin de partenaires car pendant ce temps là Google propose beaucoup
d'outils pour les aider, et dispose d'une armée de fournisseurs de service
de webdesign et d'intégration, à bas prix, ainsi que de nombreux outils de
reporting pour signaler ce qui ne vas pas et pourrait être amélioré.
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