[OSM-talk-fr] Langues régionales : à la recherche du consensus
Sébastien Dinot
sebastien.dinot at free.fr
Mer 4 Oct 20:42:27 UTC 2017
Bonsoir Anne-Marie,
Anne-Marie Candès a écrit :
> J’ai du mal a accepter le mépris dans des mots comme : saboteurs,
> régionalistes.
Ces termes, ceux que j'ai employés, ne visent pas « les basques » mais
quelques personnes qui, par une action manuelle ou via des scripts
(bots) qui automatisent les modifications et permettent un traitement en
masse, détruisent sciemment des informations objectives qui assure une
compréhension du territoire partagée par le plus grand nombre.
Le modèle de données d'OSM permet de faire coexister les différents noms
d'un lieu. Il est donc possible de renseigner le toponyme historique en
parallèle du toponyme officiel.
Si ces actions étaient toutes manuelles et ponctuelles, si les auteurs
de ces modifications corrigeaient leurs pratiques après avoir été
informés du préjudice qu'elles causent, s'il s'avérait que ce sont des
débutants (donc des personnes ayant peu de modifications à leur actif),
je serais bienveillant à leur égard.
Mais en l'espèce :
* Le compte izpura (pour ne prendre que luià a 10 129 modifications
à son actif, ce n'est donc pas celui d'un débutant et je suis certain
qu'un tel contributeur connait l'existence :
- du wiki et de l'abondante documentation multilingue qu'il fournit.
- des listes de diffusion et autres forums qui permettent de se
renseigner, d'obtenir de l'aide et d'échanger sur les pratiques (qui
évoluent au fil du temps, des nouveaux tags et autres ajustements du
projet)
* Ces contributeurs ne changent rien à leurs pratiques quand d'autres
contributeurs leur signalent qu'elles vont à l'encontre du nécessaire
consensus autour duquel se construit un projet collaboratif.
* D'après ce qui m'a été rapporté, certains de ces contributeurs font du
traitement de masse. De tels traitements ne peuvent s'expliquer que
par le recours à des scripts (bots). De tels outils ne sont pas à la
portée d'un débutant qui ignorerait tout du schéma de données d'OSM.
Il faut se renseigner au préalable pour pouvoir les écrire.
La destruction d'information est donc volontaire et tient du
militantisme. Et comme elle fait fi des conventions et du travail des
autres, je me permets en effet de parler de sabotage. « Saboteur » est
le terme approprié pour qualifier les auteurs de ces actes délibérés, et
non une insulte, même si je ne nie pas un instant que ces actes auraient
tendance à me faire sortir de mes gonds.
> Pour la petite histoire, nous avons un village Santarnac (en catalan)
> que les français ont cru intelligent de transcrire Saint-Arnac (en
> français officiel) Connaissez vous donc le saint de l’Arnaque ? Moi
> pas ! Erreur de compréhension : Santarnac ce n’est pas Sant Arnac.
Quelques choix incongrus, quelques erreurs regrettables de l'État et de
ses fonctionnaires, ne peuvent justifier des destructions en masse. Si
une erreur chagrine, ce n'est pas à OSM qu'il faut forcer la main mais
à l'État, l'INSEE et la commission de toponymie. Et une fois le
changement de nom entériné, n'importe quel contributeur s'empressera de
la reporter dans la base de données.
> plutôt que du mépris je propose d’une part un peu de pédagogie pour
> comprendre le fonctionnement d’une base de donnée et l’impact de
> certaines modifications
De la pédagogie, j'en fais habituellement preuve puisque j'ai déjà
organisé une carto-partie et initié des débutants dans d'autres, animé
des ateliers, aidé bénévolement des étudiants en architecture, des
professeurs et des formateurs à appréhender OSM et à y contribuer. Mais
comme indiqué plus haut, nous sommes ici en présence de contributeurs
expérimentés et sachant parfaitement ce qu'ils font (du moins pour les
plus nocifs d'entre eux).
> L’esprit du libre c’est bien l’ouverture, le partage des
> connaissances, et la contribution ou je me trompe et c’est comme
> ailleurs la loi du plus fort ?
Un peu des deux et c'est un libriste militant de très longue date (1998)
qui parle.
Je m'implique dans le libre depuis des années car je suis tout acquis
à ses valeurs fondatrices. Il suffit de contempler les réussites du
libre (GNU/Linux, Wikipédia, OpenStreetMap et tant d'autres) pour
comprendre que notre intelligence collective nous autorise les plus
belles et nobles créations.
Pour autant, ce serait une erreur de croire que le libre est un monde de
bisounours bien intentionnés. Moult entrepreneurs ne font du libre que
parce qu'il y ont flairé une opportunité commerciale et il suffit de
leur poser quelques questions pour réaliser qu'ils n'ont retenu du libre
que ce qui les arrangeait et qu'aucune approximation, qu'aucun oxymore
ne leur font peur.
Et même en ne considérant que les gens bien intentionnés, ceux qui ont
le libre chevillé au corps, quelques années à évoluer dans ce monde vous
apprendront qu'il est « sans pitié et que la loi du plus fort y règne »
comme le dit la formule. Tout le monde applaudit OSM mais qui se
souvient de « Un point c'est tout » ? Tout le monde utilise Inkscape
mais qui se souvient de Sodipodi ? Des centaines de gestionnaires de
fenêtres et de « bureaux » ont été créés (je n'exagère pas, la dernière
liste que j'ai vue recensait plus de 400 projets) mais combien existent
encore aujourd'hui ? En la matière, les prochains morts au combat
s'appellent sans doute Unity et XFCE. Bref, dans le libre comme
ailleurs, seuls les meilleurs projets survivent. Les autres sont
oubliés.
Sébastien
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Sébastien Dinot, sebastien.dinot at free.fr
http://sebastien.dinot.free.fr/
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