[OSM-talk-fr] Mutualisation, collaboratif et libre accès pour les données géographiques - devinette
Philippe Verdy
verdy_p at wanadoo.fr
Jeu 28 Fév 10:51:32 UTC 2019
Il faut croire que l'IGN réalise bien tard qu'elle s'est elle-même enfermée
dans une logique propriétaire (héritée d'un ancien système où seul l'Etat
était maître d'oeuvre mais aujourd'hui ne peut plus le faire et a privé
l'IGN de nombre de ses moyens).
L'IGN constate elle-même qu'elle est de moins en moins sollicitée par les
collectivités qui ont du prendre en charge elles-mêmes l'information
géographique.
Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir tenté de la part d'OSM de se mettre
en rapport avec l'IGN.
Mais l'IGN a mal vu OSM car le projet n'était à l'origine pas créé en
France, et donc elle avait peur de perdre son statut d'expert en la matière
sur la France. Elle n'a pas écouté les collectivités et nombreux autres
services de l'Etat qui ont pourtant fait le pari d'OSM.
La "culture maison" de l'IGN croit encore que ce qui n'émane pas
directement de ses propres travaux (qu'elle peine maintenant à financer) la
placerait en position d'infériorité face aux acteurs économiques (qu'OSM
n'exclue pas par définition de ce que doit être un système "ouvert"). Elle
souffre encore du "syndrome Michelin" qui lui longtemps fait concurrence
poru la cartographie "grand public" (les cartes IGN se sont toujours bien
plus mal vendues que les cartes Michelin; la question ne se pose plus les
deux sont en perte de vitesse, face à l'efficacité des systèmes en ligne,
propriétaires ou ouverts). L'IGN a voulu créer un petit projet semi-ouvert
mais limité sur la France, alors que les géants (Google, Nokia maintenant
Microsoft, Apple) et OSM se sont placés sur le terrain de la cartographie
mondiale et visent tous à fournir des données à tout public (individuel, ou
personne morale).
La différence étant qu'OSM reste la seule plateforme réellement ouverte où
les données ne sont pas filtrées selon le segment de public par des algos
propriétaires et intrusifs et qu'OSM propose ces données gratuitement et
donne le controle à tout le monde et sans délai (ce que ne font pas les
autres acteurs privés qui s'arrogent la propriété totale et l'exclusivité
de la distribution et donc du filtrage des données, et aussi tous les
revenus, mais aussi ne veulent pas garantir la permanence de l'accès
octroyé, en fixant des limites arbitraires d'usage, sans cesse abaissées ou
à coût d'usage croissant: le modèle Google/Apple/Nokia va à l'encontre du
principe même de l'ouverture: il commence à fixer un cout d'usage bas et
vise à l'augmenter sensiblement avec le temps, leur modèle est
"parasitaire", il profite des pseudo-iniatitives "d'ouverture" de leur
plateforme de collecte, mais de fermeture complète de l'usage des données
collectées avec un transfert inacceptable de propriété).
OSM va à l'inverse: au départ il y a un cout plus important, qui n'est pas
caché aux utilisateurs, il adopte une politique de vérité sur les couts
réels, et appelle donc à aider à financer ce lancement: c'est un pari où
l'investissement important de départ est ensuite *garanti* d'être amorti
dans le temps pour que ce coût initial ne cesse de diminuer. Personne n'est
lésé. Dans ce cadre l'IGN aurait tout à fait pu participer mais s'y est
refusé. Il commence à peine à réaliser le terrain perdu (déjà contre les
acteurs économiques, mais maintenant aussi dans le terrain collaboratif, en
tentant de fonder un autre système concurrent, mais à l'objectif beaucoup
plus limité qui ne répond déjà plus aux besoins).
Il est donc incompréhensible que l'IGN ne dise aucun mot au sujet d'OSM,
alors que les collectivités (et d'autres acteurs publics) sont déjà
nombreuses a avoir pris le pari d'OSM. On en voit peu qui le regrette, même
si pour certaines l'engagement est progressif et n'exclue pas pour
l'instant d'utiliser les services propriétaires (Google, Apple,
Microsoft/Nokia/Bing, bientôt aussi Facebook). Les collectivités n'ont pas
renoncé à certaines ressources IGN. Mais si cet engagement est progressif,
c'est surtout pour des raisons techniques (notamment en terme de
disponibilité dans les appels d'offres de marchés publics: OSM manque
encore d'acteurs prenant en charge une permanence technique et une garantie
de fonctionnement, puisque ce n'est pas OSM qui fournit directement ce
service mais des sociétés qui, elles, ont fait le pari de s'appuyer sur les
données OSM pour les mettre en valeur: ces sociétés existent et
fonctionnent maintenant bien, elles proposent des kits d'intégration, des
ateliers logiciels, un support technique, peuvent répondre à des demandes
de "lots" à produire en temps déterminé, peuvent mettre en place des
serveurs, des "applications métiers" autour des données et aider à intégrer
les données OSM autour d'un SIG avec des données non publiées).
Ceci dit, il ne faut pas jeter totalement la pierre contre Google, Apple,
ou Microsoft qui maintenant commencent à prendre OSM au sérieux et se
mettent progressivement à collaborer avec de vraies solutions opensource
(en attendant qu'elles se mettent pleinement elles aussi à l'opendata), et
on profite donc déjà dans OSM de travaux menés par ces sociétés. On peut
remercier aussi le soutien de Microsoft/Bing par la mise à disposition de
son imagerie, mais aussi on profite déjà de sources d'imagerie publiques
françaises (car après les avoir vendues seulement aux gros acteurs
commerciaux elles ont réalisé que cela ne profitait qu'à eux, c'était un
pari perdant où les acteurs publics perdaient progressivement leur
expertise).
L'IGN pourrait s'inspirer de ce qu'ont fait les grosses collectivités
(notamment les régions et métropoles) qui ont fait directement le pari de
ne pas exclure les acteurs commerciaux mais mis un accès pour tous (OSM
compris) en permettant une concurrence saine. Ce qui permet le
développement parallèle des différentes solutions pour des usages variés.
OSM n'a pas pour but d'effacer ce que proposent Google, Apple ou d'autres:
il doit se placer dans une logique de concurrence saine où il n'y a pas de
coûts cachés, basée sur des mérites pour des usages définis par les
utilisateurs et non par les fournisseurs/vendeurs. On n 'interdit pas à
Google ou Apple de développer des systèmes meilleurs de mise en valeur des
données, mais ces systèmes ne doivent pas être exclusifs et "captifs".
On n'est pas là pour "faire la guerre". On réclame juste une concurrence
saine où la vérité des couts permet à chacun de faire ce qu'il fait le
mieux et de changer d'avis plus tard et évaluer sans cesse quels autres
acteurs pourraient améliorer les choses, et disposerait ensuite de ses
ressources pour innover sur d'autres aspects. Dans une politique de gestion
des risques à long terme, il n'y a pas beaucoup d'autres alternatives
raisonnables que l'opensource et l'opendata. Les principaux obstacles ne
sont pas des questions de propriété mais ceux de la disponibilité des
ressources (garantie de réponse en temps utile), et de sécurisation
(notamment contre les données falsifiées et le détournement de données
privées, un dernier aspect où les acteurs commerciaux comme Google ont
largement menti en se prétendant "garante" de cette sécurité alors même
qu'elles ont elles-mêmes été piratées et abusées mais où pourtant ces
acteurs ont nié toute responsabilité et refusé toute compensation des
dommages subis: la sécurité par l'obscurité n'a jamais été qu'un leurre
temporaire).
Et ce n'est pas parce qu'un système est opensource et opendata qu'il est
moins sécurisé ou plus exposé, au contraire de très nombreux problèmes sont
détectés et isolés avant même qu'ils soient exploités (contrairement aux
solutions propriétaires qui taisent les problèmes et mettent un embargo, et
refusent d'informer les utilisateurs avant qu'ils aient eux-mêmes identifié
la faille et développé une protection qui n'a été évaluée que par eux : ce
qu'ils proposent c'est de "réparer" les accidents, pas de les prévenir; et
il laissent de côtés les accidentés se débrouiller ensuite seuls pour les
dommages subis, et ceux-là n'ont alors aucune autre aide possible, surtout
les plus petits et les plus nombreux car les gros acteurs lésés disposent
de moyens de récupération généreusement fournis sans contrepartie par les
moyens publics). Mais même cette logique du "big can't fail" est maintenant
remise en cause, on a vu ces dernières années combien ces "gros" ont abusé
de cette sécurité sans contrepartie puis restauré facilement la totalité de
leurs pertes et refait des marges encore plus confortables qu'avant en
imposant des solutions encore plus liberticides et inégalitaires.
Le jeu. 28 févr. 2019 à 08:06, Jean-Christophe Becquet <jcb at apitux.com> a
écrit :
> Bonjour,
>
> Sauriez-vous deviner qui nous dit :
>
> « la donnée est aujourd'hui produite aussi bien par les citoyens
> eux-mêmes que par des acteurs publics et privés. ».
>
> « Désormais, la production des données géographiques doit donc
> s'organiser autour de trois concepts : mutualisation, collaboratif et
> libre accès. »
>
> « L'enjeu est de fédérer ces différentes communautés et de leur
> permettre de mutualiser leurs données, sans qu'elles en soient
> dessaisies, tant pour les enrichir par cette mise en commun que pour en
> optimiser les modalités de collecte et en réduire le coût de production. »
>
> a) Christian Quest, porte-parole de l'association OpenStreetMap France
> b) Laurence Comparat, présidente de l'association OpenDataFrance
> c) votre serviteur
> d) autre
>
>
> Non, je crois que vous ne devinerez pas. Il s'agit de Daniel Bursaux, le
> directeur général de l’Institut national de l’information géographique
> et forestière (IGN) dans une tribune pour Les Échos !
>
> Et non, il ne parle pas d'OpenStreetMap...
>
> Vive le « Google Maps » français !
>
> https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/0600723131855-vive-le-google-maps-francais-2245732.php
>
>
> Mardi soir, j'animais une nouvelle fois une conférence autour
> d'OpenStreetMap à Digne. Un auditeur qui se présentait comme travaillant
> pour l'IGN s'est presque fâché lorsque j'ai montré une capture d'écran
> d'OpenTopoMap en expliquant que c'était un rendu fabriqué avec des
> données libres (OSM et SRTM). Pour lui, impossible d'obtenir une telle
> qualité sans recourir aux données de l'IGN...
> https://www.opentopomap.org/#map=16/44.23377/6.70774
>
>
> Maîtriser les cartes est stratégique. Pourquoi ne pas renforcer
> puissamment @OSM_FR au niveau européen ? Toutes les communautés sont là,
> organisées, déterminées.
> https://twitter.com/fab_mob/status/1099708109478658050
>
>
> Voir aussi sur Dessinetaville :
>
> OpenStreetMap dans le rapport Belot - De la Smart city aux territoires
> d’intelligence (s)
> https://ml.apitux.net/pipermail/dessinetaville/2017-April/thread.html
>
> Recommandation 27 : Diffuser à terme l’ensemble des données
> géographiques souveraines sous licence ouverte type Etalab
> https://ml.apitux.net/pipermail/dessinetaville/2018-July/000413.html
>
> Bonne journée
>
> JCB
> --
> Thierry Carcenac : Pour une administration électronique citoyenne
> http://www.apitux.org/index.php?2006/07/09/45-thierry-carcenac
>
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